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Château d'Eyneburg - Hergenrath (Syndicat d'initiative trois frontières)

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Le château d'Eyneburg (Hergenrath).


Autres dénominations : Eynegerg, Eynenberg, Eynenbourg, Emmaburg. C'est à une époque assez récente qu'on lui a, abusivement, infligé ce dernier nom, inspiré d'une analogie phonétique et de la légende selon laquelle le château aurait été habité par la fille de Charlemagne, Emma, et par Eginhard. Les propriétaires actuels lui ont, avec raison, restitué son ancienne appellation Eyneburg.



C'est un des rares châteaux du duché de Limbourg qui soit bâti sur une éminence, au lieu de se tapir dans une dépression de terrain et d'assurer sa protection par des contrevallations artificielles remplies d'eau. A ce point de vue, il ressemble donc à Schimper, qui surplombe la rive droite de la Gueule, à 3 km 300 en aval. Eynebourg domine la rive gauche de cette rivière et se trouve exactement à onze cent cinquante mètres à l'ouest-sud-ouest du clocher de Hergenrath.

On le voit de très loin, tant à cause de sa situation que de la hauteur de sa tour ronde, à la flèche effilée. En 1950 encore, et par suite de la destruction d'un pont au cours de la guerre 1940-1945, il n'était plus accessible que par le deuxième chemin qui, à l'extrémité Nord-Est de l'agglomération de la Calamnine, s'amorce à la chaussée d'Aix-la-Chapelle ; cette voie se dirige vers Hergenrath mais, dans la côte qui précède ce village, on doit s'engager, à droite dans un étroit chemin déclive ; celui-ci traverse une gorge romantique, rocheuse et boisée, franchit la Gueule, escalade un raidillon et aboutit dans la cour d'Eynebourg. Cette cour spacieuse est commune à la ferme et au château ; elle est coupée en deux par un mur moderne à arcades.

Les constructions, qui l'enclosent de toutes parts, étonnent par leur importance et par leur cachet archaïque. Les bâtiments d'exploitation et l'habitation du fermier sont en deçà du mur ; ceux du château s'élèvent au delà, c'est à dire au Nord et partiellement à l'Est.

Ils affectent la forme générale d'une équerre très irrégulière, dont le petit côté se terminerait par la chapelle. L'angle Nord-Est est occupé par le "Palas" ou corps de logis, agrandi peu à peu d'une longue aile qui s'étend vers l'Ouest, enrobant complètement le soubassement de la tour. Les parties les plus anciennes des constructions sont incontestablement le Palas - aux murs de deux mètres d'épaisseur - et la tour, initialement reliés par un mur. On peut les dater du 13e ou du 14e siècle. Elles ont subi, au cours des années, de nombreux remaniements.

Citons les deux principaux : en 1640, un incendie ayant détruit une grande partie des bâtiments, les travaux entrepris pour les réparer donnèrent l'occasion de les moderniser ; on remplaça notamment les petites baies primitives par les belles fenêtres à meneaux et croisées, qui subsistent encore aujourd'hui.

A l'aube du 20e siècle, le château fut l'objet d'une nouvelle et complète restauration: on agrandit et on élargit les appartements de l'aile Nord et on construisit la chapelle. Certaines parties de ces travaux sont sujettes à critique, entre autres le colombage de la tour, quelques détails de la chapelle et les créneaux factices d'une muraille à l'Est.

Néanmoins, d'une façon générale, c'est un succès : le jeu des toitures, couvertes d'ardoises, l'équilibre, l'agencement et l'asymétrie voulue des différents bâtiments sont remarquables. C'est l'oeuvre de l'architecte Louis Arntz, le célèbre restaurateur de la cathédrale de Strasbourg. Il faut lui savoir gré d'avoir conservé à l'ensemble son aspect nettement médiéval.

Comme détails typiques, signalons : dans la muraille du porche Ouest, une pierre aux armes des Rolshausen et des Wischel, datée 1567 ; elle vient des ruines du château de Bütgenbach, dont Christophe de Rolshausen fut le seigneur. Une autre pierre, aux armes des Dobbelstein et des Westerholt, est encastrée dans la face Nord des bâtiments d'exploitation ; elle est datée de 1722 ; enfin, deux autres pierres, dans les communs, indiquent les années 1640 et 1648.

L'intérieur ne le cède en rien à l'extérieur et recèle une incroyable profusion de meubles anciens et d'objets d'art de haute qualité.

L'appellation d'Eyneburg ou Eynenburg a été empruntée par un lignage, qui dut posséder ce bien dès le 13e siècle ; on cite Théodoric de Eyneberghe, chanoine de St-Servais à Maestricht en 1260, Herman d'Eyneberg en 1285, 1333 et 1335, Gérard d'Eyneberghe, fils du précédent, en 1368, Guillaume et Daniel d'Eyneberg, combattants à Baesweiler en 1371.

Cunégonde d'Eynenberg, petite-fille de Gérard cité ci-avant, hérite du château et de la seigneurie, et s'unit à Daem van den Bongaerd. Leur fille, Bela van den Bongaerd, les recueille à leur mort et les fait passer dans la famille de son mari, Arnould de Tzevel, qui relève vers 1430. Ils vont ensuite à leur fille, Jeanne de Tzevel, qui épouse Jean de Dobbelstein de Doenraedt ; la propriété va rester dans ce lignage pendant trois siècles.

Voici, dans l'ordre chronologique, à qui Eynebourg appartint successivement :
Arnold de Dobbelstein, fils du précédent, époux de N. de Maschereel ; son fils Jean de Dobbelstein, qui relève en 1512 et s'unit à Odile Bertolf de Belven ; le fils aîné de celui-ci, Jean de Dobbelstein, qui fait relief en 1559 et se marie avec Anne de Tzevel en 1565 ; Thierry de Dobbelstein, fils du précédent, pour qui son oncle et tuteur, Herman de Dobbelstein, relève en 1579. Thierry épouse Marguerite de Horion de Colonster en 1559 ; Eynebourg passe à leur fils, Jean-Charles de Dobbelstein, qui relève en 1631 ; il s'était uni, en 1628, à Helwige de Horion. Il fut l'auteur de la restauration et de l'agrandissement du château, après l'incendie de 1640.

En 1673, le relief de la seigneurie est fait par le baron Jean-Lambert de Dobbelstein, époux de Marie-Sidonie d'Ouren de Tavigny ; celle-ci fait relief en 1693. En 1721, Eynebourg appartient à Jean-Charles de Dobbelstein, qui en 1697 avait épousé la baronne Catherine- Bernardine de Westerholt-Lembecq, mais en 1724, le baron Jean-Christophe de Bertolf de Belven obtient la saisie de la seigneurie pour défaut de relief ; afin d'obtenir la levée de cette saisie, le baron Burchard-Charles-Joseph de Dobbelstein relève en 1726 ; il s'était uni, en 1722, à la baronne Régine-Barbe d'Isendorn. Enfin, dernier membre de sa famille en possession d'Eynebourg, le baron Charles-Auguste de Dobbelstein en fait relief en 1778, puis vend le château et la seigneurie, en 1786, à Renier-joseph Turbet, qui opère le dernier relief en 1788.

Au début du 19e siècle, ses héritiers aliènent la propriété au banquier Gérard Nagelmackers, de Liège, qui la revend en 1836 au baron Florent de Thiriart de Mützhagen. Celui-ci institua légataire universel son petit neveu, le baron Gaston de la Rousselière-Clouard (voir notice sur Streversdorp). En 1897, ce dernier vendit le domaine, comprenant plusieurs centaines d'hectares, à Théodore Nellessen, industriel d'Aix-la-Chapelle, époux de Rizza Clernens, qui est l'auteur de la dernière et importante restauration du château, commencée dès l'année de son acquisition. Cette belle propriété fut recueillie après sa mort par son fils, Hans Nellessen, époux d'Elsa Cupper, son propriétaire actuel.

+ dans notre rubrique PHOTOS Le château se trouve sous la protection des monuments depuis 1966. En 2001, il a été acheté par la société « Eyne » et mis à la disposition du public. Depuis 2011 est fermé et à vendre.

Sources: "LES DELICES DU DUCHE DE LIMBOURG de Guy POSWICK" - (1951).
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